Basketfeminin.com
Accueil
Envoyer à un ami
Partager
Sur le Grill

Dexia Namur, un club à part

Le club namurois tourné exclusivement vers l'Euroligue


Que personne ne s'en chagrine, Dexia Namur va survoler le championnat belge et la Coupe de Belgique. Le suspens en Belgique, ce sera pour le titre de vice-champion. Dexia Namur vise l'Euroligue et ne lésine pas sur les moyens pour y arriver. Comment fonctionne le club namurois et qu'en dit son président? Le Dexia Namur "sur le grill".



Dexia Namur, un club à part
Dexia Namur est un club à part dans le giron du basket féminin belge. C'est le seul du championnat (amateur) à jouer avec des joueuses professionnelles, le seul à disputer une Coupe d'Europe - depuis 20 ans déjà et depuis deux saisons en Euroligue. C'est le club aussi au sein de la D1 Dames à compter le plus petit nombre d'affiliés (85). D'autres comptent en leur rang une section masculine. Le club namurois et son président fondateur Pierre Olivier, ont choisi, depuis 1976 de se consacrer entièrement au basket féminin. Il a aussi choisi à présent de privilégier exclusivement son équipe fanion. Comme le prévoit le réglement fédéral, trois équipes de jeunes au moins doivent venir complèter l'effectif d'un club de D1 Dames. Le matricule 1969 dispose de cadettes, minimes et pupilles. Il est aussi géré par un seul homme. Jean-François Prior est son président depuis l'an 2000. Il est aussi chef de cabinet du bourgmestre de la Ville de Namur. C'est peut-être pour celà qu'il gère son club en homme politique. Jamais sans doute un président n'arrivera à réunir autant de moyens dans un club de basket féminin belge. Son budget a quadruplé en quatre ans. De 10 millions de francs belges, le budget est compris, cette saison, entre 900.000 et 1 million d'euros. Ce qui le place dans le top 10 des budgets "Euroligue".

Vers les quarts de finale de l'Euroligue

Dexia Namur, un club à part
L'oeuvre saint-servaitoise est consacrée à conserver ou acquérir à prix fort une armada de joueuses étrangères. Le degré de professionnalisme s'y mesure au nombre de billets verts ou à la liasse d'euros plutôt qu'à l'intensité des structures. Le plus heureux dans ce contexte, outre ces étrangères, c'est certainement Thibaut Petit. A 25 à peine, le coach liégeois se voit confier la plus belle équipe que la Belgique féminine ait jamais compté à ce jour. Un potentiel "formidable" avoue-t-il lui-même, que son talent et son intelligence saura faire fructifier tentant de gommer au mieux les incohérences de fonctionnement.

Dexia Namur peut raisonnablement, sans passer pour la grenouille qui se veut plus gros que le boeuf, viser les quarts de finale de l'Euroligue. Cela sera difficile certes, mais l'expérience de Krystyna Szymanska-Lara, sa meneuse polonaise dont l'intelligence de jeu n'a d'égale que son intelligence à faire en sorte de profiter le plus longtemps possible de cet eldorado namurois. L'expérience aussi acquise par ses deux compatriotes Anna Wielebnowska et Elzbieta Miedzik au fil des campagnes polonaises à l'Euro. Et le duo d'US à faire pâlir n'importe quel club huppé européen, hormis les Russes peut-être. Et encore, Rebekkah Brunson est championne WNBA et Ekaterinburg n'a pas hésité à délier les cordons de sa bourse pour s'offrir Nicole Ohlde juste pour la Ligue mondiale des clubs avant son arrivée à Namur lundi. Un effectif formidable donc trônant au sommet d'une montagne argentée montée par son président, lui qui s'est aménagé un pan entier du Hall Octave Henry pour soigner ses principaux bailleurs de fonds. Ce sont 180 business-seats, bar et restaurant VIP, 120 places de loges, un salon pour les joueuses, un salon d'affaires protégée derrière une grande baie vitrine. Au diable le peuple. Comme Icare, espérons qu'à force d'approcher le soleil, les ailes st-servaitoises ne s'y brûlent pas...

Qui va sortir des jeunes belges ?

Dexia Namur, un club à part
L'idéal serait que tout le basket féminin belge profite de "ce plus beau spectacle de basket féminin offert en Belgique", comme l'explique Jean-François Prior. "Si une jeune qui ne joue pas encore au basket vient voir un match et s'affilie ensuite dans un club, j'ai gagné". A charge pourtant pour un autre de s'occuper de sa formation et de son éducation, dans l'espoir de voir un jeune talent forcer un jour peut-être les portes de l'Euroligue. Mais le fossé est tellement grand entre l'ogre namurois et les clubs belges ! Hormis à Waregem, le budget d'une seule étrangère du Dexia Namur couvre l'ensemble du budget de n'importe quel autre club belge. Alors que faire ? Pas réduire le niveau du Dexia Namur, là on est bien d'accord avec le président, même s'il pourrait faire un effort pour doter le club d'un véritable école de jeunes servant de vivier au basket féminin belge pour s'octroyer une réserve de jeunes belges talentueuses ou, à tout le moins, sortir des joueuses capables de jouer (et d'apporter un plus) à la division I belge. "Ce n'est pas notre rôle", se défend le président namurois.

Et maintenant, que faire ?

Réduire le nombre de clubs en division I - c'est aussi le credo du président namurois qui pense au nombre de 8 -, assurer une cohérence dans l'élaboration du calendrier, accroître l'attention médiatique: en organisant par exemple une journée entièrement consacrée au basket féminin lors de la finale de la Coupe de Belgique (là on est tout près d'aboutir), ou une "season opening", soit une première journée de championnat disputée sur un même lieu à l'instar de la France, l'Allemagne, le Luxembourg ou l'Italie, ou une Coupe de la Reine comme en Espagne; généraliser la mise à disposition des stats du championnat (avec un bon début cette saison, mais tous les clubs n'y collaborent pas encore), -la Belgique doit d'aileurs être l'un des rares pays à ne pas disposer de cette donnée pour son championnat-; élaborer une stratégie à long terme pour les équipes nationales à commencer par les sélections représentatives chez les jeunes; surfer sur la vague de Ann Wauters plutôt que de la laisser seule perdue au milieu de l'océan; pousser d'une manière ou d'une autre les clubs belges à participer à la Coupe d'Europe (le BCSS Namur a bien du commencer un jour en prenant des 'casquettes' contre Valence); accroître les contacts internationaux pour permettre aux clubs belges de monter d'un niveau, etc sans aucun doute ...

Comme dit la chanson, si les principaux responsables du basket féminin belge pouvaient se tenir la main... alors oui, il y a encore de l'espoir !


Mercredi 19 Octobre 2005