Belgium - Daniel Goethals: "arrêtons de rêver"

Depuis 2003, la Belgique aura consommé 6 sélectionneurs nationaux (en comptant Benny Mertens à deux reprises en 2003, et l'an dernier). Tout le monde le sait, les grandes aventures ne peuvent se construire que dans la durée et la patience. Ce que l'on n'aura accordé ni au coach gantois, ni à la majorité de ses prédécesseurs. Même s'il avouait vendredi qu'il n'a toujours pas pu signer de contrat le liant effectivement à la fédération, Daniel Goethals s'est mis d'accord pour se retrouver à la tête de l'équipe nationale jusqu'à l'Euro-2015 ou à tous le moins durant les deux campagnes de qualifications pour la phase finale en Roumanie et en Hongrie.

Ce n'est pas pour rien non plus que le coach carolo clame que le groupe Belgique a besoin de stabilité et de sérénité. Daniel Goethals avoue qu'il a hésité avant d'accepter de reprendre le flambeau pour remplacer Benny Mertens. Très déçu de l'issue du match à deux qui l'opposait au Gantois pour le poste il y a 12 mois, l'ex-international, de la partie comme joueur lors de l'Euro-1993 avec les Belgian Lions, le dernier avant une très longue traversée du désert chez les messieurs, aura finalement laissé parler son envie. "C'est dans la ligne de ma carrière de joueur, puis de coach, l'équipe nationale m'a toujours fait rêver, c'est l'aboutissement dans tous les sports".

"Nous étions tous les deux très motivés, Benny et moi, de reprendre l'équipe nationale. Nous savions qu'il y aurait un perdant et un gagnant. Vu le temps que cela a pris pour prendre des décisions, il a été confronté à un laps de temps très court, à énormément de points d'interrogations et personne en définitive n'a tiré dans le même sens.", analyse Daniel Goethals. "Mon laps de temps à présent est tout aussi court, les points d'interrogation tout aussi nombreux, mais j'espère vraiment que tout le monde va tirer dans le même sens cette fois."

Avec la Pologne qui a rappelé ses deux stars ... dont elle n'avait pu disposer pour ne manquer l'Euro-2013 juste que pour une question d'average, la tâche s'annonce presque insurmontable. "Je ne comprends pas comment une équipe comme la Pologne n'est pas à l'Euro. Ils ont en plus rappelé Kobryn. Et jouer la Finlande à domicile, on sait ce que cela peut signifier de jouer un pays à domicile, avec le public, l'arbitrage. Et puis, ce n'est pas du tout, il y a derrière encore des pays comme la Grèce, ... Il faut être réaliste. Je ne veux pas parler de Rio 2016. Arrêtons de rêver ! On va faire avec ce que l'on peut. Il faut trouver des solutions pour compenser notre manque de taille et de physique."

Le 7 juin face à la Pologne, puis le 9 face à la Finlande, le programme de la Belgique à Helsinki est déjà ardu. Il sera abordé après 4 matches de préparation (contre la Serbie et la Slovénie puis deux fois contre Israël). Terminer en tête de cette poule de 3, seule option pour disputer les demi-finales (en aller-retour) puis la finale (en aller-retour) dont seul le vainqueur est qualifié pour l'Euro-2015, relèverait déjà de l'exploit.

"Notre objectif est de gagner. Nous sommes des compétiteurs, nous voulons toujours gagner. Mais il faut être réaliste, et utiliser ces 5 semaines de préparation (ndlr, la campagne débutera de façon collective le 10 mai) et ces 6 matches pour que l'on soit bien avancé déjà pour la prochaine campagne. Il faut prendre de l'avance pour que - au moins - l'on ne doive pas de nouveau repartir de zéro. Que l'on puisse utiliser le travail déjà en place. Il faut gagner du temps."

Daniel Goethals aurait voulu pouvoir compter sur un mix de générations, mais les arrêts confirmés d'Ann Wauters, Kathy Wambe, Dana Boonen, notamment, en attendant la décision d'Anke De Mondt, oblige à tourner résolument une page qui s'était déjà, en réalité, tournée au lendemain de la débâcle à l'été 2010.

"Je ne suis pas un rêveur", répète encore Daniel Goethals. "Nous ne sommes pas dans une situation de luxe. Il faut utiliser cette campagne au mieux, pour donner une bouffée d'espoir et d'envie pour les 12 mois qui suivent. Se qualifier sur un ou deux matches couperet est extrêmement difficile pour la Belgique. Se qualifier à l'issue d'une campagne de 10 matches est peut-être plus réaliste. Mais il ne faut pas oublier que, quoiqu'il arrive, si nous devions passer par les qualifications en 2014, nous ne serions pas dans le premier chapeau. Ce qui veut dire d'office déjà pêcher deux gros morceaux dans notre groupe. Nous devons faire avec nos moyens."

Daniel Goethals, comme ses prédécesseurs, va apporter sa façon de voir les choses, sa propre philosophie. Il va disposer de très peu de temps. Il sait aussi que le couperet ne manquera pas de tomber à nouveau si l'expérience n'est pas concluante. Le Carolo veut utiliser sa propre expérience d'international pour mettre une série de choses en place et répète la nécessité de rétablir la sérénité, et la stabilité autour de l'équipe nationale, dans l'espoir que tout le monde, à tous les niveaux tire dans le même sens. Ce qui serait, il faudrait en convenir, une première depuis 10 ans. Mais cela reste, jusqu'à preuve du contraire, la méthode du sélectionneur en place.